Visite de la manufacture Pinton à Felletin, et du musée de la tapisserie d’Aubusson

Visite de la manufacture Pinton à Felletin, et du musée de la tapisserie d’Aubusson

Lors de mon séjour dans la Creuse pour les Journées de la Laine à Felletin en Octobre 2018, j’ai pour une fois pu profiter d’un festival en tant que simple visiteuse. Ce qui m’a laissé tout le loisir de faire quelques unes des visites locales proposées. Un régal !

 

J’ai commencé par la manufacture Pinton, située à Felletin même. L’occasion de visiter le dédale des petites rues…

En plus d’une visite de ses ateliers de fabrication de tapisseries et tapis, il y avait aussi une vente d’écheveaux et autres bobines, restes de tapisseries terminées je suppose. Bien sûr en attendant l’heure de la prochaine visite j’ai farfouillé dans les bacs. La majorité étaient des écheveaux de laine très rustique, plutôt style laine à tapis, mais il est vrai à des prix plus qu’attractifs et des couleurs somptueuses.

 

J’ai fini par craquer pour un vieux rose qui m’a fait de l’œil, un gros écheveau de 400g et une bobine ancienne du même fil, le tout assorti à un autre rose un peu plus soutenu. A 15€ pour quasiment un kilo de laine, je ne prends pas un gros risque, même si après échantillonnage, le fil est probablement trop rond pour me refaire un pull SaperliPOPette comme j’avais en tête…

Mais en farfouillant, j’ai aussi un peu bloqué sur cette superbe tapisserie de Jean Picart le Doux accrochée au mur juste au dessus de nous, qui me rappelait furieusement une tapisserie que j’ai vue dans la famille depuis toute petite (vérification faite après, c’est bien une tapisserie du même artiste et tissée ici). Drôle de sentiment que d’imaginer ces membres de ma famille faire peut-être aussi cette visite des décennies avant moi ? En tout cas, ça m’a vraiment fait apprécier d’autant plus la visite.

Puis hop, on est partis pour la visite, avec ces grands métier à tisser (de basse lisse) sur lequel une dame était en plein travail. On nous a expliqué chaque étape, pour produire le fameux “carton” en image inversé à partir d’une image/oeuvre. Puis la répartition des couleurs, et le travail de fourmi des lissiers. Le côté un peu fascinant de la chose étant qu’ils travaillent sur l’envers de la tapisserie, et ne voient qu’une portion de leur travail puisqu’elle est enroulée au fur et à mesure. D’où l’émotion qu’on imagine bien lors des “tombées de métier”, où enfin chacun peut admirer la tapisserie terminée.

Bien sur, la tapisserie je n’y connais pas grand chose à la base. Mais j’ai un peu bloqué sur ce mur de fils de couleurs…

Et aussi sur ces rouets à fluter qu’on a vu à plusieurs reprises, pour transférer le fil des grosses bobines/écheveaux sur les toutes petites “flutes” qui servent pour le tissage de la tapisserie. Pour moi qui m’intéresse beaucoup au outils anciens du filage, c’est une chose de plus que je saurais désormais identifier.

La deuxième partie de la visite concernait la fabrication des tapis, autre branche de leur activité… Mais je dois dire que cela m’intéressait beaucoup moins et je me suis éclipsée.

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Et le lendemain, j’ai emboîté le pas à Calinéa87 et la patte de l’ourse, pour aller visiter ensemble la Cité internationale de la tapisserie à Aubusson, à 15mn de Felletin.

Le “clou” du spectacle et le départ de la visite, c’est d’abord cette très grande salle consacrée au tissage de tapisseries monumentales tirées des dessins originaux de Tolkien. Tirées ou non de passage du “Seigneur des anneaux”, on retrouve dans chaque scène tout l’imaginaire de l’auteur.

  

Mais on voit aussi le processus de préparation des tapisseries, du choix des couleurs.. Quant à moi qui – j’avoue – n’ai jamais beaucoup lu Tolkien, j’ai trouvé fascinant les vidéos expliquant combien les dessins originaux de Tolkien utilisaient déjà pas mal de “codes” de la tapisserie, notamment avec les frises qu’ils utilisait pour encadrer ses dessins…

Et à coté de cela, le reste du musée était aussi sublime. Avec par exemple cette tapisserie elle aussi monumentale dans le hall du  haut….

 dont le renard a été tissé à une trame beaucoup plus fine pour rendre la finesse des détails.

 La aussi j’ai retrouvé parmi tous les outils et explication des processus, le fameux rouet à fluter (à moitié caché à droite).

L’exposition est magnifiquement faite, avec des exemples illustrant notamment chacune des techniques permettant de changer de couleurs.

 

Des exemples de “carton”, ainsi que de nombreuses variations sur un même thème qui illustrent magnifiquement la technicité et le doigté nécessaire de chaque artisan lissier.

Une petite pause pour les copines/copains qui ont joué à un “jeu vidéo de tapisserie” 😀
En fait, c’était un excellent moyen de voir les jours défiler au fur et à mesure du remplissage de chaque zone de la tapisserie. Quel jeu de patience !!

Puis à l’étage du bas, on a poursuivi la visite par des tapisseries anciennes magnifiques,

Jusqu’aux tapisseries plus modernes et récentes, y compris de quelques grands noms connus comme Picasso ou Le Corbusier.

Au final je me suis régalée dans ces visites, et ai découvert que même si j’avais l’impression de ne rien connaitre à la tapisserie, j’y avais été en fait très sensibilisée depuis mon enfance grâce à cette tapisserie accrochée dans une maison de famille. Et cette façon d’exploser de façon monumentale des œuvres d’art, tout en lui associant le coté tactile et sensuel de la laine, me touche au final beaucoup. Si ce n’était son coût, forcément reflet de l’énorme travail mis en jeu dans sa manufacture, j’en mettrai partout chez moi 🙂

=> En 2009, la tapisserie d’Aubusson a été inscrite sur la liste représentative du “Patrimoine culturel immatériel de l’humanité” par l’Unesco.

Je ne saurai donc que trop vous recommander de visiter la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson. Et la ville d’Aubusson offre aussi plein d’autres visites à faire, entre les teinturiers, artisans lissiers et autres métiers associés qui font vivre ce patrimoine et cette culture de la tapisserie depuis 5 siècles. Un must pour ceux qui aiment profondément la laine, ses utilisations multiples et les artisans qui continuent de la faire vivre au quotidien… et de l’exporter dans le monde entier !

 

=> A lire aussi: Balade aux Journées de la laine de Felletin 2018

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